Rupture conventionnelle, 3 mois après. Le bilan.

Voila bientôt trois mois que j’ai enfin pu quitter mon poste. Ces trois mois ont été les plus durs de ma vie, mais aussi, le commencement d’un nouveau chapitre (je pourrais même dire que c’est un nouveau tome tellement tout à changer).

La rupture conventionnelle a été plus longue que prévue à mettre en place, je pensais terminé fin septembre, j’ai finalement fini fin octobre. Cette annonce a été très dure à encaisser. Début septembre, je retourne donc travailler avec en boucle dans ma tête, l’idée que bientôt ce sera terminé. Des envies nouvelles germent dans ma petite tête. Des projets. Et puis le coup de massue, deux semaines plus tard quand j’apprends la date finale de mon contrat. Repartir pour 1 mois de plus, c’est con, mais ça me parait insurmontable. Déjà trop de temps gaspillé, trop de sensations et de sentiments négatifs.

Changer de vie, tout quitter quand ce qu’on a construit pendant de nombreuses années ne nous est plus bénéfique, plus en accord avec nous même, quand le salaire et le contrat est confortable, tout ça, c’est bien loin d’être évident. Ca fait souffrir. Ca demande milles remises en question. Mon plus gros amalgame sur cette période et sur la dernière année finalement (quand je commençais à me rendre compte que tout ça ne me convenait pas, et puis tu oublie, tu t’enferme dans ton confort, etc) a été de mélanger les sentiments négatifs que j’avais à cause du travail et les transposer dans ma vie perso.

Ce n’est pas parce que ton travail te fais te sentir merdique, bonne à rien, incapable, sans reconnaissance, que c’est le cas des personnes qui t’entourent. Mais ça tu le découvre plus tard, parfois trop tard comme pour moi. Cette page de ma vie a été terriblement douloureuse. J’ai tenté de me recentrer sur moi même, apprendre à me connaitre mieux, lu milles livres sur le positivisme, le bonheur, le « comment allez mieux », … J’ai commencé à voir une psychologue, à réfléchir sur ce que je voulais. Mon médecin m’a mis sous anti dépresseur, parce que tu pense bien, tu pleures tous les jours, t’es mal dans ta vie, donc tu es dépressive. Plus je prends du recul sur tout ça, plus je me rends compte que j’étais finalement juste à l’écoute de sentiments qui me pourrissaient la vie depuis trop de temps. Les livres et les médocs, c’est sympa, mais ça ne résout pas le fond du problème.

A coté de ça, tu as tes proches, qui ne savent pas quoi faire pour t’aider, pour te permettre d’avancer. Personne n’est censé être des super héros, personne ne peut sauver quelque chose de si profond et si personnel. Parce que la seule personne capable de le faire, c’est toi et toi même. Mais ça demande du temps, de la réflexion, du travail sur soi.
Je regrette de m’être laissé bouffer par ces sentiments. Vraiment. Ils ont fais beaucoup de dégâts.

Aujourd’hui donc, après 3 mois, je commence à voir le bout du chemin de cette période sombre. Les premières semaines de chômage ont été, pour moi, affreuses. La encore, il faut réussir à dompter ce nouveau quotidien. Les premiers jours, tu fais les choses que tu voulais faire, tu cuisines, tu te lèves à l’heure que tu veux, tu vois des gens. Mais les questions reviennent vite. Ou vais-je ? Que vais-je faire ? Est ce que j’ai fais le bon choix ?
Et puis il faut luter contre la flemmardise, éviter de se dire « Oh ça va, la barbe, ça je peux le faire demain ! » et finalement, ne plus rien faire du tout. A force de penser, d’être dans l’interrogation, on passe à coté du quotidien, on pense au futur, au passé, mais à aucun moment, on profite vraiment du moment qui est la. On n’est alors plus du tout dans l’action. Et ça bouffe correctement à l’intérieur. La prise de conscience a pour moi été longue. Pour plusieurs raisons.
J’ai eu à vivre à coté de ça, une des épreuves les plus compliquée de ma vie, payer les conséquences de ce négativisme ambiant que m’avais insuffler le boulot. Je l’ai payé cher, très cher. Ce qui a ralentie considérablement ma remise sur pieds, mon travail sur moi même que je m’efforçais de faire depuis quelques mois. Avant cet événement supplémentaire, je commençais tout juste à voir le bout,  à devenir positive quant à l’avenir, à mes projets, à mes envies. Je me trouvais enfin.

Maintenant, je suis seule, avec moi même. Je redécouvre ce que c’est que d’avoir envie de faire des choses, l’importance des projets. Je suis en bilan de compétences dans un organisme parisien pour me trouver professionnellement. Ce travail est long et est étalonné sur 3 mois. Mais j’espère et je sais qu’il sera bénéfique.
Tout arrive en même temps dans ma vie, et j’imagine que ce n’est pas un hasard. J’ai besoin de me recentrer sur moi, savoir qui je suis, pour ne plus commettre les mêmes erreurs. Je regrette de ne pas me sentir plus soutenue. D’avoir perdue des personnes qui était tellement importante dans ma vie. Mais c’est également un nouveau départ. J’ai la force nécessaire pour construire ce que je veux. Les forces sont en moi depuis longtemps, elles se sont essoufflées pendant toute cette période que j’ai traversé, mais elles reviennent peu à peu. Je dois me faire confiance. C’est juste devenu vital.

Et non, je ne suis pas dépressive. Comme on a trop voulu me le faire penser. Je traversais juste une période qui me faisait faire un travail intérieur intense et dur. Rien n’est évident, quand on parle de tout bousculer dans sa vie. J’en parlais à un ami récemment, et mon envie de partir de ce travail n’est pas née en mars dernier mais datait bien d’avant. Je ne me souvenais même pas en avoir parler et pourtant j’ai réussi à faire taire ce besoin quelques temps, pour que finalement, il revienne plus vital que jamais. Genre dans la pyramide de Maslow, ca devenait même plus important que les besoins primaires. Et c’est bien pour ça que tout cela m’a tant affecté. J’aurais dû m’écouter plus tôt.

Mais le temps n’est pas aux regrets, il faut avancer et se reconstruire. Les journées sont parfois longues, parfois compliquées. Mais j’essaie de toutes mes forces de m’occuper. Je rencontre des gens, qui, créativement et c’est ce dont j’ai besoin présentement, m’ouvre de nouveaux horizons. Je fais du bénévolat au resto du coeur. Je réfléchis sur moi même, je lis des BD, regarde mes séries en retard, je fais des projets photos, je pense à apprendre enfin à me sentir de ce ukulélé qui traine depuis 2/3 ans (ne parlons pas de la guitare qui est au chaud dans sa housse depuis 15 ans). J’ai envie de faire milles choses.

Et je sais que bientôt, je serais bien avec moi même.

10 réflexions sur “Rupture conventionnelle, 3 mois après. Le bilan.

  1. C’est drôle parce que je te suis depuis un moment sur twitter et je n’avais jamais lu ton blog en entier. Et là je vois ce nouvel article, avec l’impression de lire quelque chose que j’aurais pu moi-même écrire. J’ai donc lu tout ton blog, et notamment tes premiers articles parlant de ton burn-out et de ton ancien travail, et je m’y retrouve beaucoup. Malheureusement, pour ma part, je me rends compte que je m’enferme dans le confort de l’emploi, que « boh, c’pas si mal, non ? », alors que je le sens bien, au fond, que ce boulot me fait du mal, mais je ne peux pas le quitter. Je suis obligée de rester jusqu’à trouver quelque chose d’autre, mais tellement de trucs arrivent ici et là que tout retarde, que finalement aucun autre emploi ne vient, que je n’ai pas les compétences, pas le niveau, j’en viens à penser que je suis quelqu’un de littéralement stupide, j’hésite à faire un vrai test de QI. Je pense que c’est mon travail qui m’abrutit, je sais pas, je sais plus.
    Lire ton article m’a fait vraiment sourire, parce que je sais ce que c’est, et que je suis contente de voir des gens s’en sortir, bravo, j’admire ton courage, et je te souhaite beaucoup de bonheur dans cette « nouvelle » vie, et je suis sûre que tout ira mieux maintenant 🙂
    Des bises
    Elsa

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    • Coucou Elsa,

      C’est quoi ton pseudo sur Twitter ?
      Je serais ravie de parler avec toi si tu as envie.
      Je sais à quel point c’est compliqué, et comme tu le dis, c’est difficile dans ces moments la de ne pas se sentir comme une moins que rien. Et c’est pire que dommage, ça ne devrait même pas arrivé. Mais je sais.
      Ne doute pas de toi, crois en toi. C’est le plus important. Même si c’est bien plus facile à dire qu’à faire et je crois que je n’y serais pas arrivé sans en passer par la. C’est con.
      Je suis contente en tout cas de lire ton commentaire, ça me touche que des personnes puissent se reconnaître dans mon parcours.
      Des grosses bises à toi et ne perds pas espoir 🙂 Et n’hésite pas à me contacter si tu as besoin 🙂

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      • Mon pseudo c’est @_Zaleyk si tu veux !
        C’est vrai qu’il y a des jours où c’est vraiment difficile, j’essaye de me dire que ça ira mieux, je mets de côté pour éventuellement me payer une formation et pour éviter de me retrouver à la rue et ça me fait du bien, mais ça n’arrive pas tous les jours malheureusement !
        Merci de ta réponse en tout cas 🙂

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  2. Ce bien fou de lire ça.
    Je suis tellement contente de voir que tu remontes la pente petit à petit et que tu apprends à vivre pour toi.
    C’est très courageux ce que tu as fais, ne l’oublie pas, tu es quelqu’un de fort, tout le monde n’est pas capable de faire ce que tu as fais.

    Je t’envoie des câlins virtuel, du bisous.
    Et je suis disponible pour un café si besoin de rencontrer une inconnue.

    Bises,
    Clow

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  3. Bonjour,
    Je découvre votre article et du coup votre blog. Votre récit est tout à fait différent de ce que j’écris, qui est informatif et juridique. Votre récit traduit ce que vous avez vécu, ce que vous avez ressenti, vos émotions et ce vous est passé dans la tête, c’est pour cela qu’il est passionnant.
    Bien cordialement.

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